A lire précédemment : Le cahier Partie I ; Partie II ; Partie III ; Partie IV
Ce cahier, cela faisait un an qu’il n’avait pas été complété. Je suis troublé à la relecture de ces lignes. J’étais présent quand il avait écrit cette dernière page. J’avais feint de vaquer à mes occupations mais je l’observais toujours d’un coin de l’œil. Il s’était assis bien au fond de son fauteuil en cuir. Quand il eu finit, il l’avait ranger dans son secrétaire, qu’il laissait toujours ouvert, et ne cherchait jamais à cacher le cahier. Il le laissait en évidence. La couverture du cahier était d’un rouge très profond. Rouge comme un signe de danger, comme une alarme. Et en même temps comme un signe pour me dire « Vas y. Lis-moi. Qu’est-ce que tu attends ? »
J’ai donc été prendre le cahier et me suis installé dans son précieux fauteuil en cuir. Voici ce qu’il y avait d’écrit sur la dernière page de noircie.
« J’ai la migraine depuis hier. Je pense et repense, encore et encore, à ce que j’étais sur le point de faire. Je peine à retrouver l’envie de le tuer depuis que mes pupilles ont revues ce visage. Je peine à retrouver l’envie d’écrire aussi. Ces lignes seront surement mes dernières lignes. Pire encore, je crains devoir en terminer complètement avec ce cahier. Si je veux que ces pensées qui me hantent depuis des années disparaissent, il faut que ce ces pages ne vivent plus, et qu’elles ne soient plus jamais complétées. Ainsi, je brulerai ce cahier ce soir, dans la vieille bassine métallique de la cave. »
Plus tard, alors que alors que la fumée du cahier brulant s’envolait depuis la bassine posée dans la cour, il téléphona à son frère. Je ne pus entendre ce qu’il disait. Les flammes s’emparaient de plus en plus du cahier. Moi je disparaissais petit à petit. Bientôt il ne restait plus rien du cahier. Et ma vie s’envola.