Précédemment : Le cahier (Partie I)
Il était mince, avec de grandes jambes très fines, tout comme ses doigts. Parmi les petites choses de la vie il aimait : sentir le vent fouiller dans ses cheveux ; laisser ses doigts glisser à la surface des choses pour en sentir le moindre détail de la matière ; rester de longs moments le regard perdu dans un paysage, dans une image. J’aime dire qu’il avait le regard photographique. Une chose est sûr c’est qu’il jouissait de ses cinq sens.
Les murs de sa maison laissaient souvent entendre une musique. Généralement un air de jazz ou de classique. Du Gershwin ou du Fitzgerald. C’était un homme cultivé. Il m’a toujours impressionné par toutes les choses qu’il savait. J’avais parfois l’impression que cela faisait des centaines d’années qu’il était vivant pour avoir toutes ces connaissances. Et lorsqu’il n’était pas chez lui, il ne pouvait s’empêcher de fredonner quelque chose.
Il avait l’habitude de se perdre dans ses pensées, le laissant vide de regard. Dans ces cas là, rien ne pouvait plus le perturber. Il fallait attendre qu’il revienne sur Terre de lui même. La plupart du temps que cela lui arrivait, il était assis dans son fauteuil en cuir italien cousu à la main. Un très beau fauteuil que je lui ai toujours envié. C’était à cet endroit qu’il aimait écrire. Je ne l’ai jamais vu manier la plume de mes yeux cependant. C’était un moment d’intimité pour lui. La seule chose qu’il me laissait voir c’était le cahier une fois qu’il avait finit d’écrire ses pages, et c’était déjà beaucoup.
Vous voilà désormais prêts à ce que je vous raconte ce qu’il a écrit dans ce cahier.